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Les autorités françaises veulent détruire une cabane arboricole

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Xavier Marmier, un élagueur de 45 ans habitant la vallée de la Loue est sommé par sa municipalité de détruire sa cabane écologique, auto-construite dans un arbre de son propre terrain, en zone Natura 2000.

Sa bâtisse suspendue est constituée de deux pièces d’une vingtaine de mètres carrés. L’ensemble de 44 m2, suspendu à dix mètres de haut et relié en duplex, constitue un micro-logement simple et confortable. Xavier fait cependant l’erreur de réaliser sa bâtisse sans permis, toléré à l’époque par l’ancienne municipalité de Cléron.

Pratiquement autonome, l’homme vivait jusqu’ici dans une grande simplicité volontaire. Une lampe à l’huile pour simple lumière, des toilettes sèches écologiques et de l’eau de pluie comme source d’eau sanitaire, son impact se limitait à une batterie rechargée une fois tous les deux mois et à un bidon d’eau potable. Pour chauffer son habitat perché mais bien isolé, un petit poêle au bois était amplement suffisant.

« C’était un rêve d’enfant, celui de vivre dans cette forêt que j’aime et de me fondre dans la nature, en suspendant un plateau octogonal en l’air, sans abîmer l’arbre, pour y monter une cabane », explique l’expert en élagage.
Pour à peine 25.000 euros, Xavier Marmier vivait depuis 5 ans en presque parfaite autonomie au plus proche de la nature. C’était sans compter sur l’administration qui vient de lui signifier l’ordre de détruire le projet d’une vie. L’élagueur passionné par la nature avait pourtant réalisé une demande de permis de construire en novembre dernier afin de régulariser sa situation.

Demande refusée par l’administration qui impose donc à cet homme la perte pure et simple de son projet de vie. À 45 ans, cette cabane apparaissait comme l’espoir de vivre en tranquillité en symbiose avec la nature. L’homme refuse aujourd’hui de détruire son œuvre et veut se battre pour faire admettre le caractère écologique de son mode de vie. « Je tiens à mon mode de vie, à mon droit de vie » estime-t-il. Il risque aujourd’hui une amende comprise entre 1.200 et 300.000 euros en plus de l’expulsion. Un nouvel exemple de désobéissance civile en devenir ?

La Natura 2000

À ce jour, plus de 18% de toute la surface de l’Union Européenne est sous Natura 2000. L’objectif de ces zones préservées est d’assurer la conservation de certains habitats naturels et espèces animales ou végétales. Il est ainsi particulièrement difficile d’y envisager une quelconque activité, sauf exception motivée.

Protéger la nature contre l’étalement urbain et la construction de zonings industriels est une nécessité. Mais que faire des projets locaux qui s’inscrivent dans une logique environnementale sur un terrain privé ?

En réalité, contrairement à ce qu’il est possible de lire, développer un projet sur un terrain Natura 2000 n’est pas interdit par défaut. La Commission européenne a même créé un prix spécial European Natura 2000 Award pour récompenser les actions innovantes sur les sites Natura 2000.

Un projet de construction doit être « simplement » constitué d’un dossier d’évaluation permettant à l’administration compétente d’apprécier l’impact du projet au regard des impératifs de conservation du site. Cependant, la décision très subjective revient en définitive à cette administration.

Vivre en décroissance, sans impact écologique, sur un terrain Natural 2000 n’est-il pas une forme d’innovation environnementale ? Pas aux yeux des administrations compétentes qui semblent voir un problème dans une simple cabane en bois contrairement à la préservation des activités de chasse sur ces mêmes zones.

En effet, en matière d’application de la directive Européenne, les autorités françaises ont tendance à être particulièrement tolérantes envers les associations de chasseurs. À ce titre, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a condamné la France à plusieurs reprises pour mauvaise transposition des directives Natura 2000.

Motifs de la dernière condamnation : la France estime que la chasse et la pêche dans ces zones protégées ne constituent pas des activités perturbantes pour la nature… Mais une simple cabane éco-conçue semble devenir un problème majeur nécessitant des décisions fermes et radicales telle la destruction de la cabane de M. Marmier.

En réalité, depuis la loi Grenelle 2, l’article L. 414-4 du Code de l’environnement prévoit que « toutes les activités susceptibles d’affecter de manière significative un site Natura 2000 et qui ne figurent sur aucune des listes mentionnées font l’objet d’une évaluation de leurs incidences. »

La possibilité d’une autorisation est donc réelle. Mais quid de l’incidence sociale d’une vie broyée en cas de refus ? Face à cette situation l’ADIED (Association de défense des intérêts des entreprises et particuliers) se porte défenseur du cas de Xavier Marmier.

De l’incohérence des administrations

Faire interdire un projet résolument écologique dans une zone écologique, n’est-ce pas le comble de l’absurdité ? Pour le maire, qui estime simplement respecter les règles, « laisser faire serait la porte ouverte à tous les abus » … « on risquerait de voir plein de gens construire leur cabane. » Mais n’est-ce pas là une énième peur irrationnelle camouflant des idées conservatrices ? Quid de la possibilité d’évaluer le projet citée plus haut ?

Cet exemple n’est-il pas symbolique d’une société qui s’obstine à séparer l’Homme « moderne » du vivant ? Imprégnées par l’exode rural massif des dernières décennies, les règlementations se sont construites sur la nécessité économiques d’entasser les populations dans des villes, proches des pôles industriels. La nature se voit confinée dans des parcs, des zoos et des zones interdites. Détruire la planète, d’accord, mais de loin.

Ainsi, selon les règles urbanistiques françaises (et de bien d’autres pays), la vie en symbiose avec la nature n’est à ce jour pas véritablement envisagée car trop marginale. Cette symbiose apparait pourtant vitale à l’heure de la crise écologique, bien qu’elle soit difficile à codifier et surveiller.

Mr Mondialisation


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